La Fondation Ethique Familiale met sur pied
une exposition d'art dans ses locaux, exposition
qui célèbre les créations d'Anne-Marie
Gbindoun, artiste-peintre d'origine franco-africaine.
Anne-Marie Gbindoun est née à Cotonou,
Bénin en 1968. Elle y a grandi jusqu'à
onze ans, âge auquel elle s'est établie
à Paris avec sa famille, et où elle a
fait ses études et sa formation de coiffeuse.
Elle vient s'établir en Suisse à
vingt-deux ans, d'abord à Montana-Crans
pendant sept ans, puis à Lausanne.
Elle commence sa création picturale en 2003.
Cette première exposition de ses œuvres
va du samedi 25 février 2005 au samedi 25 juin
2005. Exposition ouverte le samedi et le dimanche, de
14h à 18h. Entrée libre.
Les commandes des œuvres se font directement auprès
de l'artiste. La Fondation Ethique Familiale soutient
ce projet sans toucher de part à la vente.
Voici le texte de présentation de cette exposition
lors de l'invitation au vernissage :
La victoire du trait
Lorsqu'une femme, blessée dès l'enfance
dans sa chair, ses sentiments et son identité
encore hésitante, en arrive, après avoir
sauvé sa peau en fuyant les lieux de la maltraitance
initiale, à cumuler les dépits, les chocs,
la solitude, le morcellement affectif et bien d'autres
souffrances, cela s'appelle la fatalité.
Lorsque cette même femme, à la faveur fortuite
d'un trait de pinceau, trempé dans de l'encre
de Chine, sent soudain que son corps et son âme
s'éveillent, que son intelligence, sa sensibilité,
son amour pour la vie sont toujours là, que rien
n'est perdu, qu'elle est digne d'être
aimée, cela s'appelle aujourd'hui
la résilience.
Ainsi, il a fallu un coup de pinceau pour répondre
aux coups subis. Voilà que ce large trait noir
sur le papier ouvre une brèche subite dans le
ciel. Le trait est la première force de frappe
de cette jeune artiste franco-africaine, dont les gestes
évoquent étrangement ceux des calligraphes
chinois. Oui, la voilà qui se met à peindre
inlassablement, à faire des collages, à
sculpter, portée par un souffle invisible, émerveillée
par cette expérience révélatrice
qui ouvre le monde à ses yeux, puis aux nôtres.
Voici que la douleur se transforme en passion, que les
blessures saignent de l'encre, de l'huile,
de l'acrylique. Voici que la douleur s'anesthésie,
qu'une autre dimension émerge d'une
mémoire plus profonde, plus ancienne, plus puissante
: celle de la création, désormais la seule
chose qui compte dans sa vie. A quoi s'ajoutent
un talent époustouflant, une inventivité
qui en remontrerait à bien de nos « peintres
de cour », une force sensuelle et tragique qui
nous explose à la figure, un humour libérateur.
Oui, voici qu'Anne-Marie Gbindoun renaît,
sous nos yeux, pour nous dévoiler son âme
libre et nomade. Elle nous réserve d'autres
surprises et l'on entendra encore parler d'elle,
longtemps. Vite, courez voir cette première volée
d'œuvres, à Lausanne.
Dr Gérard Salem
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